Fiches Pratiques

Prévenir : les inondations en entreprises - Le diagnostic de vulnérabilité

D’après l’observatoire national des risques naturels (ONRN), environ 12% des entreprises de France hexagonale se situent en zone inondable. Il est donc important de prévenir au maximum les risques afin de minimiser les conséquences de ces inondations.

Chapitre 1. Informations générales sur le diagnostic de vulnérabilité

I. Pourquoi réaliser un diagnostic de vulnérabilité ?

Une inondation peut endommager voire même paralyser l'outil de production, empêcher l'accès à l'entreprise ou son approvisionnement. La mise en place de mesures de précaution et de prévention peut permettre de limiter les dommages le jour venu.

En cas d'inondation, l'ampleur de ces dommages dépend en effet en grande partie de la capacité de l'entreprise à gérer la crise. Si elle a pris les mesures permettant de limiter l'impact des eaux, et prévu à l'avance les mesures à mettre en œuvre au moment de la crise, elle limitera le moment venu l'ampleur de l'inondation, et pourra assurer beaucoup plus rapidement le redémarrage de ses activités.

Le diagnostic permet :

  • d'évaluer la vulnérabilité de l'entreprise au risque d'inondation,
  • de hiérarchiser les dispositions, notamment les aménagements et travaux à réaliser pour réduire cette vulnérabilité,
  • d'élaborer un plan de crise afin de ne pas être pris au dépourvu le moment venu.

II. La réalisation d'un diagnostic vulnérabilité est-elle obligatoire ?

NON, le diagnostic relève de la seule initiative du chef d'entreprise, qui n'a pas d'obligation, sauf en matière d'ICPE. En effet, le PPRI (plan de prévention des risques inondation) peut imposer aux installations classées la réalisation d'une étude détaillant l'évaluation des risques et les mesures de prévention à mettre en place.

Lorsqu'il s'agit d'une démarche volontaire, une implication forte du dirigeant est nécessaire pour obtenir une implication et une collaboration efficaces du personnel. La réalisation d'un tel diagnostic nécessite en effet la collecte de nombreuses informations et documents.

III. Par qui est réalisé le diagnostic vulnérabilité ?

Toutes les entreprises concernées par un risque d'inondation ont intérêt à faire réaliser un diagnostic. Elles peuvent faire appel à un bureau d'études spécialisé en la matière. En effet, les recommandations d'un expert extérieur, spécialiste des questions de risques, ont un poids certain et sont plus aisément suivies d'effet.

Le coût d'un diagnostic réalisé par un expert extérieur à l'entreprise est compris entre 7 000 et 15 000€

 

Chapitre 2. La méthodologie du diagnostic de vulnérabilité

1ère étape : Etat des risques d'inondation

Récoltez les informations générales

Informations recherchées

Services à contacter

Documents à se procurer lorsqu'ils existent

Informations générales

La commune

Informations sur les réseaux d'assainissement et les points de raccordement, la cote de la voirie.

Géomètres

Plans topographiques

Etudes du risque inondation

La préfecture, la commune

DDRM, DICRIM

La DREAL, Vigicrue

Atlas des plus hautes eaux connues

Etudes générales sur les inondations

 

La préfecture

PPRI

Organisation de l'alerte et des secours

La DREAL, Vigicrue

Organisation de l'annonce de crue

La commune

Plan de secours de la Commune

La préfecture

PSSI (politique de sécurité du système d'information)

Conséquences des inondations

Services clients de vos distributeurs d'électricité, de gaz, de téléphone

Hauteur d'eau engendrant des perturbations

Reportez-vous à la fiche « Savoir : les inondations et dispositifs de sauvegarde » pour plus d’informations

Hiérarchisez les origines possibles du risque inondation

En fonction des différents types d’inondations existants, il vous faut identifier les secteurs de l'entreprise susceptibles d'être inondés. A partir des informations générales que vous pouvez recueillir auprès des services administratifs, il est important d’établir un schéma de montée des eaux correspondant à différents scenarii d'inondation (crue centennale (1910), cinquantennale ou décennale ou inondation brutale due à un orage).

Pour chacun de ces scenarii, comparez les cotes atteintes par les eaux dans votre quartier au fur et à mesure de la montée des eaux.

Vous pourrez ainsi :

  • savoir à partir de quelle hauteur d'eau l'entreprise risque d'être inondée, et déterminer les secteurs les plus vulnérables,
  • évaluer le temps dont vous pouvez disposer pour mettre en place votre plan de crise,
  • déterminer votre propre cote d'alerte (la hauteur d'eau à partir de laquelle le risque devient suffisamment important pour déclencher votre plan de crise).

2ème étape : Etat des vulnérabilités

Procédez à une analyse détaillée de l'entreprise

  • Etes-vous situé à proximité d’un cours d’eau, d’un plan d’eau ou d’un littoral ?
  • Quelles sont les activités vitales, secondaires, mineures de l’entreprise ?
  • Pour chaque unité, à partir de quelle hauteur d'eau l'activité est amenée à cesser ?
  • Quelle serait la conséquence d'un arrêt d'activité pour chacune d'elle ?
  • Des solutions alternatives sont-elles envisageables ?
  • Quelle est la répartition géographique du personnel ?
  • Combien de temps faut-il pour arrêter la production ?
  • Combien de temps faut-il pour démonter, puis remonter ?
  • etc...

A partir de la cartographie élaborée lors de la phase précédente, évaluez pour chaque unité de production ou chaque secteur géographique (sous-sol, rez-de-chaussée...), les conséquences probables des différents scénarii d'inondation.

Même si vos installations n'ont pas été inondées, vous pouvez quand même être privé de certaines commodités qui, elles, auront été affectées par l'inondation. En outre, l'accès peut être rendu difficile voire impossible.

Elaborez une fiche sur le modèle suivant, pour chacun des scénarii retenus

Scénario 1 : Inondation due à :

Hypothèse hydraulique

  • hauteur de la submersion
  • vitesse du courant
  • durée
  • turbidité
  • période de survenance la plus probable

Conséquences

Dommages matériels :

  • Dommages aux bâtiments (affaissement des murs des sols)
  • Pollution dues au déversement de produits chimiques, voire toxiques
  • Accès au site, voies susceptibles d'être coupées
  • Eau
  • Electricité téléphone

Durée probable de l'arrêt d'activité 
Effets induits :

  • Pertes de marché
  • Chômage des salariés

Evaluation du montant des dommages totaux

 

 

3ème étape : Préconisations

Le diagnostic permet de mettre à jour les éléments les plus sensibles. Vous allez maintenant définir les mesures à mettre en œuvre. Il peut s'avérer coûteux et/ou techniquement infaisable de tout protéger.

Il est donc nécessaire d’identifier les secteurs stratégiques à isoler impérativement des eaux, et les parties moins sensibles qui, elles, resteront inondables. Pour éviter les investissements trop coûteux, vous pourrez être amenés à réorganiser les locaux de façon à ne pas laisser, dans les secteurs qui ne pourront pas être protégés, des matériels sensibles (informatique dans les sous-sols par exemple).

Dans certains cas, si une inondation risque de paralyser totalement votre entreprise, et si votre activité vous le permet, vous pourrez même être amené à envisager la mise en place d'un plan de continuité d'activité (PCA) et prévoir un site de repli pour le cœur de vos activités.

Un PCA est un ensemble de mesures qui visent à assurer le maintien des activités essentielles de l’entreprise et à favoriser la résilience de celle-ci en anticipant les difficultés auxquelles elle pourrait être confrontée en cas de sinistre important. Cette anticipation consiste à planifier des mesures permettant d’atténuer l’impact de l’événement sur l’entreprise et d’accélérer la reprise de l’activité.

En fonction des priorités définies, il est important d’élaborer un plan de crise et de programmer les aménagements et travaux à réaliser.

Le plan doit être régulièrement mis à jour, en particulier si des modifications interviennent dans l'activité ou l'aménagement et la configuration des locaux.